Les salades de feuilles de plantes sauvages remontent à l’Antiquité grecque et romaine. On cueillait, à l’origine, des feuilles de plantes sauvages comestibles qu’on assaisonnait de sel et qu’on arrosait de vinaigre ou d’huile d’olive. Le mot salade est d’ailleurs issu d’un mot latin qui veut dire salé. Cette tradition s’est transmise chez les peuples germaniques avant qu’ils n’envahissent la France à partir du IIIe siècle. Les gens des campagnes avaient un accès facile aux plantes sauvages. On les attendait impatiemment, chaque année, en leur donnant parfois le nom de la fête religieuse qui correspondait habituellement à leur apparition dans la nature. Ce sont les Romains qui eurent l’idée d’ajouter de l’huile aux feuilles et ce sont les Germaniques qui eurent l’idée du vinaigre. Les Celtes de leur côté, passaient rapidement les feuilles sauvages dans le gras fondu de lard salé. Lorsque les Francs sont arrivés, on s’est mis à ajouter du vinaigre aux salades celtes chaudes. C’est ainsi que toutes ces sortes de salades sauvages sont arrivées au Québec, au XVIIe siècle, avec nos ancêtres français. L’approvisionnement incertain de la France faisait en sorte qu’on se tournait, le printemps, vers les salades sauvages pour pallier le manque de nourriture. Les coureurs des bois les consommaient aussi presque quotidiennement avec le gibier ou le poisson qu’ils attrapaient pour se changer de leur soupe aux pois quotidienne. Comme ils côtoyaient quotidiennement les autochtones du pays, les salades sauvages sont passées dans les mœurs culinaires des autochtones. J’ai rencontré, entre autres, la salade de pissenlits à la graisse de lard salé et au vinaigre chez les Innus de la Côte-Nord, chez les Cris de la Baie James et chez les Malécites du Bas-Saint-Laurent et du Témiscouata.