Le Québec cuisine

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Qui change la cuisine?

Je constate que les idées fortes de changement sont toujours véhiculées par des individus créatifs qui suscitent l’adhésion de quelques personnes qui finissent par devenir des groupes influents dans les sociétés ; la politique s’empare de ces idées et les propose comme projet de société. Auparavant, les gens d’idées, les créatifs devaient être humbles ; ils étaient oubliés au profit d’un groupe qui revendiquait la paternité des idées. La société primait sur l’individu.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les sociétés contemporaines prônent l’individu plus que le collectif. La liberté individuelle passe désormais avant les règles d’une société. Les pays occidentaux, en particulier, prônent la liberté individuelle, le star system, les self made men à la Trump, et à l’excès, le droit de se défendre avec un fusil, aux dépends de l’équilibre d’une collectivité, d’une nation ou d’un pays. On associe même cette pensée de liberté individuelle à la gauche alors que la protection d’une société est associée à la droite. Quelle prétention !

J’écoutais Frédéric Lenoir, hier soir, à la télévision, qui disait que la conception du bonheur individuel ne peut être considéré comme quelque chose de valable. Les abuseurs d’enfants sont heureux ; les giadistes qui tuent des gens s’en vont au paradis de leurs croyances. Les hédonistes satisfont tous leurs désirs qu’ils prennent pour du bonheur, même aux dépends des autres ou d’eux-mêmes. Ces gens atteignent le bonheur qu’ils recherchaient, mais ils détruisent tant de gens ! C’est pourquoi on ne peut être heureux tout seul. On devrait considérer le bonheur comme le bien qu’on fait pour les autres, pour l’humanité, quitte à vivre certaines souffrances de temps en temps. 

Cette réflexion philosophique m’amène à réfléchir sur le star system des chefs. Certains ne veulent que la gloire que leur donne la télé. D’autres partagent leurs apprentissages, leurs découvertes avec leurs camarades cuisiniers et avec leurs clients. Ils cherchent l’avancement de la cuisine de leur communauté, du Québec. Je suis fier de leur engagement personnel et de qu’ils font dans l’ombre pour changer les choses. Ils construisent leur bonheur personnel avec les autres.

Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec.