L’espadon est plus associé aux mers du sud qu’au fleuve Saint-Laurent. Or les fouilles archéologiques faites en Basse-Côte-Nord ont révélé qu’il était le poisson préféré des Archaïques maritimes du Québec. Leurs descendants actuels, les Innus de la Basse-Côte-Nord et de la Minganie, l’appellent uneuahuen dans leur langue, ce qui prouve bien son existence, chez nous. Dans les faits, le poisson en question fréquente les eaux tempérées du Gulf Stream qui circule, entre autres, entre les iles de la Madelaine et le Cap Breton. C’est là que nos pêcheurs en attrapent, à la fin de l’été, qui pèsent en moyenne de 90 à 160 kg. Chaque poisson est enregistré et la pêche est soumise à des lois internationales très strictes, comme le thon. L’espadon rapporte 11 millions de dollars par année aux pêcheurs qui s’y adonnent. La majorité des pêcheurs l’attrapent au harpon, comme les ancêtres archaïques le faisaient. Les spécialistes de la santé nous recommandent cependant de ne pas le consommer plus que 2 fois par mois parce qu’il est contaminé au mercure comme tous les grands poissons carnassiers. Sa chair est blanche, striée et ferme et son gout fin n’est pas envahissant. Les cuisiniers d’autrefois avaient l’habitude de la pocher avant de le rôtir à la poêle, comme on le faisait aussi avec l’anguille. C’est aussi une façon de le dégraisser. Les Innus le consommaient poêlés avec des petits fruits acides de la fin de l’été, comme les baies de la vigne d’Ida (aussi appelées des graines rouges, des baies de perdrix ou des pommes des prés), très abondantes sur la Côte-Nord et aux iles-de-la-Madeleine.