Le Québec cuisine

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Les prunes sauvages

Voilà un autre fruit québécois oublié de notre patrimoine. C’est le père Le Jeune qui en parle le premier, en 1635, en racontant que des chasseurs français en ont trouvé dans les iles de Sorel. C’est Pierre Boucher qui les décrit le mieux en 1664. Il dit qu’ils sont assez beaux, qu’ils portent des fruits rouges de la grosseur des prunes de Damas, mais que les prunes ne sont pas aussi bonnes que celles de France. Antonin-Denis Raudot est plus catégorique en disant que ces fruits « n’en valent rien. » Dans les faits, les Français ne savaient pas comment les apprécier. Le prunier noir, par exemple, est un arbre très généreux qui peut produire plusieurs kilos de prunes par année, mais il faut attendre qu’elles soient mures pour les apprécier. Il faut bien les surveiller et les ramasser seulement lorsqu’elles tombent par terre. Avant ce temps, elles sont trop sures. Les premiers colons les ramassaient par terre et les faisaient sécher pour l’hiver. On les faisait gonfler dans le temps des Fêtes avec du vin blanc et du sucre d’érable en ajoutant du clou de girofle. C’était un dessert très apprécié qu’on laissait en permanence sur le buffet, pour que les convives s’en servent, quand ils ont faim. Les prunes d’Amérique, l’autre variété de prune québécoise,  étaient bleues et couvertes d’une espèce de pruine qui disparait lorsqu’on touche au fruit. Comme l’arbre qui les porte est plein d’épines, il faut faire attention quand on les cueille. Nos ancêtres les conservaient dans un sirop de sucre ou dans l’alcool. On les sortait aussi dans le temps des Fêtes. On les préparait entre autres, avec du lièvre, comme les autochtones le faisaient. – On se rappellera que les nations de langue algonquienne cuisinaient leur gibier ou leur poisson avec des fruits.